Vendredi 20 juin 2014 à 10:33

 Je comprends mieux pourquoi tu es si pleine de vie maintenant. Je ne m'y attendais pas à celle-là. Je me suis tournée vers lui, un sourire en coin, et quelques mots en moins. Si on m'avait dit qu'un jour on me qualifierai de cette manière, je n'y aurais jamais cru. La fille si fragile et pleine d'écorchures que j'étais n'espérait même se sortir du gouffre dans lequel elle était piégée depuis toute ces années. Il faut croire que j'ai été plus forte que je ne le pensais. Bien plus qu'il ne le pensait. Oui, faites-vous traiter comme de la merde et vous finirez par le devenir. Et bien non, aujourd'hui je suis pleine de vie. Mes proches me le disaient déjà. Que j'avais changé, que ça leur faisait plaisir de me voir comme ça, que j'étais mieux. Jamais ils n'ont dit ces mots-là. Et lui, qui ne connaît pas mon passé, qui ne sait pas qui j'ai été, ce que j'ai traversé. Lui qui me donne un regard tout neuf, sans préjugés, voilà qu'il pense ça. Et ça me fait sourire, et ça me rend heureuse, presque euphorique. Et oui, ma grande, vois le chemin parcouru. Tous ces efforts ont fini par payer. Te voilà la tête hors de l'eau, te voilà grandie, affirmée et souriante. Te voilà qui ris de tes petits bobos. Il aura fallu que j'entende ces mots, comme une formule magique, pour prendre conscience. Bien sûr que l'autre n'est jamais loin, que rien n'est jamais acquis. Mais j'ai changé finalement. Je réalise enfin, grâce à ces mots, que je ne suis définitivement plus la même.

Et je respire.

Vendredi 13 juin 2014 à 11:56

Je n'ai pas peur, je n'ai peur de rien. Et plus je souffre et plus j'aime. Le danger ne ferait qu'accroître mon amour, ou l'aiguiser davantage, ou le pimenter. Je serai ton seul ange gardien. Tu quitteras la vie encore plus belle que lorsque tu y es entré. Le ciel, en te reprenant, te regardera et dira : une seule chose peut nous rendre aussi achevé, et cette chose est l'amour.


_ The Reader

Jeudi 8 mai 2014 à 12:32

J'ai des envies d'ailleurs. De tout quitter, sans me retourner. Je prends mes valises, je n'emporte avec moi que mes souvenirs et Dany. Et elle aussi, quand même. Parce qu'elle est ma personne. Et lui, son copain. Parce qu'il est comme mon frère. Projet de partir loin, là-bas, au Canada. Un rêve que j'ai depuis des lustres, de voir ce pays, de le découvrir. Alors y vivre, hein, pourquoi pas ? Je n'ai pas trop d'attache, finalement. Je peux me planter dans n'importe quel bout de terre, même canadien. Oui, lui va m'en vouloir. Je l'entend d'ici. Déjà quand je voulais migrer dans le sud, monsieur m'avait fait vribrer mes petites oreilles de culpabilité. Alors partir carrément du pays, j'entends déjà les cloches... Mais je veux pouvoir vivre, pas tout recommencer de zéro, pas forcément changer, être toujours moi. Un moi qui serait juste ailleurs, avec des personnes nouvelles et des paysages nouveaux. Avec des souvenirs à façonner, des envies à trouver, des terrains à découvrir. Ce projet m'a rendu le sourire. Et même s'ils ne suivent pas. Si ce pays me plaît, je pense que je me lancerai quand même. Et puis je suis pas partie dans la seconde hein. Faut déjà explorer le pays, dans ces températures les plus fraîches - vous ai-je dis que j'avais du mal avec le froid ? et ouais ... - pour voir si on peut tenir le coup. Après tout, faut essayer avant de l'adopter quand même. Alors je suis pas partie tout de suite. Y a plein de choses à penser, de papiers à remplir. Mais oui, j'y pense très fort. Et oui, c'est peut-être une fuite. Une jolie fuite alors. Qui donne envie d'y être maintenant, qui me donne des ailes, qui m'allège. Je crois que je me sens à l'étroit dans la cage.
 

J'ai besoin d'air.

Jeudi 8 mai 2014 à 12:21

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Vendredi 25 avril 2014 à 12:56

 Je suis en train de lire un bouquin qui me remue. Dans le tréfonds, ça gigote. Oui, ça palpite, ça s'agite, ça me rappelle. De quand j'étais différente - ce qui n'a pas tellement changé aujourd'hui - et de comment j'en ai souffert longtemps. Je ne serai pas volontaire pour revivre cette période, ça non. J'ai encore des restes qui sont coincés en travers de ma gorge. Peut-être même pour toujours. Faut dire que ça marque, une enfance pareille. Je ne me sentais pas entrer dans le moule, bien au contraire. Je savais que je ne cadrais pas, que ça n'allait pas, que je sonnais faux dans la belle symphonie du collège. Quand j'ai débarqué au milieu de ces fauteuils, de ces personnes "différentes" qu'on pointe si souvent du doigts, j'ai respiré. J'avais trouvé ma place, j'étais bien dans cet univers qui pourtant n'était pas le mien. N'empêche qu'on s'en approchait du bout des doigts. Je souffrais tellement que je me sentais un peu handicapée moi-même. Au fond, en lisant ce livre, j'ai compris. Je n'ai pas changé tant que ça. Ils sont contents, mes amis - les vrais. Ils sont ravis de tous les efforts, de toutes mes forces, pour prendre le dessus. Oui, ils sont fiers de mes progrès. Je ne suis plus tout à fait sûre aujourd'hui d'avoir gravi tant d'échelons que ça. Il est clair que je viens de loin. Il est clair aussi qu'elle est toujours là. L'autre Audrey. Elle attend, très sagement, la prochaine embûche, le prochain faux-pas, la prochaine chute. Elle est du genre patiente, elle sait. Elle sait toute la fragilité qui m'entoure. Elle sait cette sensibilité, cette trop grande sensibilité. Alors elle attend. Oui, je la sens, quand je lis ce bouquin. Je me reconnais parfois tellement que j'en pleure, avec Lou. Ma différence est toujours là. Entre les autres et moi. Je le sens bien, même dans mon école, que ça colle toujours pas. Je ne sais pas être jeune, je ne sais pas être comme eux, je ne sais pas profiter comme tous, je ne sais pas y faire. J'ai sûrement raté un épisode, une leçon de vie qu'on ne m'aura pas enseignée. Il y a bien quelque chose, qui me fait sentir tellement pas comme eux, que je m'enferme. Heureusement, il y a eux. Les rares qui ont creusé, qui ont voulu savoir, qui se sont accrochés à comprendre. Pour eux, je suis peut-être normale. Un peu écorchée par la vie, mais plutôt normale, dans le fond. Et puis y a ce bouquin, qui me parle. Qui raconte une histoire sur une jeune fille qui aide un tétra - le monde du handicap et le mien, ne font qu'un, je vous l'ai dis. C'est beau, c'est touchant, c'est tendre, c'est drôle. Et je comprends Lou. J'arrive à savoir qui elle est. Un peu différente elle aussi des autres. Ecorchée vive elle aussi. Qui se retrouve en lui, qui grandit auprès de lui, comme j'ai grandi auprès d'eux. Et parfois je souhaite d'être quelqu'un d'autre. D'être comme les autres. 
 
Mais je suis moi.

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